PARIS, 19 avr (AFP) - L'existence possible de cavités inconnues dans la Grande Pyramide de Khéops, annoncée mercredi à Paris par deux passionnés d'égyptologie, Jacques Bardot et Francine Darmon, se heurte à de sérieuses réserves émises tant par la communauté scientifique que par la presse.
Mme Darmon et M. Bardot, qui se présente comme diplômé en histoire de l'art et en archéologie, ont affirmé mercredi s'être appuyés sur de nouvelles méthodes d'investigation qui aurait permis de découvrir un système de faux joints dans le mur de la galerie horizontale de la Grande Pyramide. Ces faux joints auraient eu pour but de leurrer d'éventuels chercheurs de trésors entassés dans des cavités secrètes. Selon eux, ce système de leurres serait destiné à masquer les accès à un ensemble de trois cavités à proximité de la chambre du roi, avec notamment un deuxième tombeau de réserve destiné au roi lui-même ou à sa mère, ou n'être qu'une cavité vide.
Dans un appel téléphonique à l'AFP, au Caire, l'égyptoloque Jean-Pierre Corteggiani, responsable de la communication de l'Institut Français d'Archéologie Orientale (IFAO), a indiqué que "la plus extrême prudence s'impose" quant à la nature scientifique des travaux des deux chercheurs.
Interrogé jeudi à Paris par l'AFP sur une communication scientifique, toujours préalable à l'annonce médiatique d'une découverte, Jacques Bardot, a indiqué que celle-ci "attendait de passer devant le comité de lecture de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres de l'Institut".
"Il faut six mois avant que cela sorte, a précisé M. Bardot, ancien pilote d'avion, nous ne pouvons pas attendre six mois, car cela fait deux ans que nous somme prêts. Nous avons fait une conférence de presse pour des gens capables de juger sur pièces. J'ai passé 35 ans dans les entreprises et je sais à quel moment il est opportun de faire une communication".
Au musée du Louvre, on indiquait au département des Antiquités égyptiennes, "ne pas connaître les archéologues Jacques Bardot et Francine Darmon".
De leur côté, deux égyptologues amateurs, Jean-Yves Verd'hurt et Gilles Dormion, qui ont découvert l'an dernier des couloirs et des salles au coeur de la pyramide de Meidoum, une des plus anciennes d'Egypte, ont qualifié Jacques Bardot et Francine Darmon d'"affabulateurs".
Les deux hommes, dont le résultat des travaux sur Meidoum doit être prochainement annoncé à Paris par M. Corteggiani, ont déclaré à l'AFP: "Nous ne voulons en aucun cas être mêlés à des gens qui n'ont aucune connaissance, qui affabulent et qui usurpent des titres qu'ils n'ont pas". M. Verd'hurt a affirmé que "M. Bardot parcourt la planète avec une carte de visite où il se présente comme membre de l'IFAO" (Institut Français d'Archéologie Orientale).
MM. Verd'hurt et Dormion avaient mené, il y a 14 ans, des recherches analogues dans la Grande Pyramide de Khéops.
Le quotidien Le Figaro émet des réserves sur "l'étrange conférence de presse donné par deux égyptologues amateurs", rappelant que si Mme Darmon est archéologue, elle est avant tout palynologue (spécialiste des pollens) et que M. Bardot est "pilote de ligne de son état".
Le quotidien La Croix a également publié jeudi matin une interview de Jean-Pierre Corteggiani, très réticent devant l'annonce sensationnelle faite par les nouvelles découvertes.