PARIS, 18 avr (AFP) - La pyramide de Khéops, la plus grande des trois érigées il y a 4.500 ans à Guizeh, près du Caire, est peut être sur le point de livrer de nouveaux secrets: une équipe française affirme avoir localisé avec précision les entrées de cavités inconnues, a priori inviolées et qui pourraient abriter des tombeaux royaux.
Les travaux menés par les deux archéologues français, Jacques Bardot et Francine Darmon, se sont appuyés sur de nouvelles méthodes d'investigation pour tenter de percer ce nouveau mystère de la grande pyramide et déjouer les leurres multiples installés par les architectes du pharaon pour écarter les pillards.
"Tout le monde sait que Khéops recèle d'autres cavités, mais personne n'avait réussi jusqu'à présent à les localiser. Si un tombeau existait à l'intérieur de la pyramide, il fallait être capable d'en déterminer l'accès à une pierre près", a expliqué à l'AFP Jacques Bardot.
Les archéologues ont dans un premier temps constitué une base de données architecturales à partir des plans des sites funéraires royaux des six premières dynasties pharaoniques. Avec l'aide de techniques de macrophotographie, ils ont ensuite passé au peigne fin des centaines de mètres de galeries fréquentées tous les jours par des milliers de touristes.
En étudiant minutieusement les pierres des parois, les archéologues sont arrivés à une première conclusion: une bonne partie des joints sont faux. Ils ont été creusés à la scie à pierre avant d'être rebouchés délicatement avec un mortier de plâtre et de gypse.
"Aucun archéologue n'avait jusqu'à présent constaté que l'on était devant un système de maquillage unique dans l'histoire de l'archéologie égyptienne", relève Jacques Bardot. Ainsi, sur les deux parois de la galerie horizontale, tous les joints horizontaux sont faux, sur la paroi ouest 15 sur 25 sont faux et sur la paroi est 16 sur 24.
Dans un deuxième temps, les mêmes procédés macrophotographiques et d'imagerie négative ont permis d'établir que certains vrais joints avaient fait l'objet d'un traitement particulier s'apparentant au calfatage, une technique utilisée pour rendre étanches les coques de navire.
L'ensemble de ces découvertes a permis de mettre en évidence les vrais joints des pierres des parois, et donc de localiser des pierres placées pour fermer l'accès à des pièces ou galeries.
Enfin, indice supplémentaire, les auteurs ont découvert sur une pierre une marque de carrier, un petit hiéroglyphe destiné à préciser la destination de cette pierre et que le maçon a visiblement oublié de faire disparaître. Cette marque se trouve sur une pierre de fermeture de ce qui pourrrait être le corridor de sortie des prêtres et maçons ayant procédé à la fermeture finale du tombeau.
Les archéologues français sont également arrivés à la conclusion que le sable découvert lors de forages effectués par Electricité de France en 1987 dans ces galeries servait à l'isolation phonique: une fois les corridors remplis de sable, plus moyen, en tapant sur les parois, de distinguer les zones pleines des cavités.
Tout ce système de leurres serait destiné à masquer les accès à un ensemble de trois cavités à proximité de la chambre du Roi, avec notamment un deuxième tombeau de réserve qui pourrait abriter la tombe du roi lui-même, ou celle de sa mère Hétep-Eres...ou n'être qu'une cavité vide. "Mais il n'y a pas de raison pour que le pharaon ait construit tout ça pour rien", estime Jacques Bardot.
Dans l'immédiat, les résultats de ces travaux vont être officiellement présentés aux autorités du Caire et devraient dans un deuxième temps conduire à des fouilles franco-égyptiennes pour vérifier cet ensemble d'hypothèses.