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GULF BREEZE
L'affaire Walters était lancée... une affaire qui allait rendre célèbre Gulf Breeze, une modeste station balnéaire située sur la côte de Floride, bientôt surnommée «la Mecque» des ufologues américains. Pour publier les quelque 40 photos de l'ovni prises ce jour-là et le récit complet de ce qu'il appela lui-même une "tentative d'enlèvemement par les extraterrestres», Ed Walters contacta un journal régional, The Sentinel. Après la parution de l'article, les grands quotidiens américains s'emparèrent à leur tour de l'événement, assurant la célébrité d'Ed Walters, expert en immobilier de son état. Par la suite, des centaines de citoyens américains s'adressèrent aux médias pour raconter qu'eux aussi avaient observé des objets volants bizarres, certainement des ovnis. Et de cette vague de témoignages un nom allait ressortir: Gulf Breeze. La petite ville de Floride concentrait à elle seule le plus grand nombre de clichés de phénomènes ovni, jamais réalisés en un seul endroit dans toute l'histoire de l'ufologie. Ed Walters lui-même allait vivre plusieurs autres rencontres; l'une d'entre elles lui permit de réaliser un film vidéo de 38 secondes, qu'il rendit public.
INFO OU INTOX ? Toutes ces apparitions célestes attirèrent bientôt l'attention du MUFON, une association indépendante s'efforçant de vérifier l'authenticité des phénomènes ovni. Des membres de cet important groupement ufologique décidèrent de soumettre à des examens minutieux les films et les photographies de Walters. A cette fin, ils firent appel à des experts reconnus notamment le docteur Bruce Maccabee) un physicien spécialiste de l'optique.
Précédemment sous contrat gouvernemental et respecté pour l'impartialité de ses jugements, le Dr Maccabee interviewa personnellement de nombreux « témoins », inspecta les sites concernés et analysa les photographies produites par Ed WaIters à l'aide des ordinateurs les plus modernes. Conclusion : ces photos n'étaient pas des faux, en tout cas n'avaient pas fait l'objet de trucages ou de montages. Il s'agissait bien des images d'un authentique «aéronef non-conventionnel»... Mais cela prouvait-il pour autant une présence extraterrestre à Gulf Breeze? OVNIS FABRIQUE L'opinion de Bruce Maccabee ne convainquit pas tout le monde; elle n'impressionna nullement le journaliste Philip Klass, l'un des sceptiques les plus virulents en matière d'ovnis. Klass avait la conviction que les photographies deWalters résultaient du montage de deux clichés juxtaposés, combinant une image de ciel avec celle d'une maquette d'ovni miniaturisé... fabriquée en papier. Une ingénieuse technique d'éclairage pouvait parfaitement donner l'illusion de la présence de cet «ovni» en plein ciel.
Mis indirectement en cause par le journaliste, Maccabee s'employa à écarter une bonne fois pour toutes l'hypothèse du trucage photo. Il fournit àWalters un appareil muni d'un objectif à quatre lentilles stéréoscopiques, au boîtier scellé. Cet appareil lui permettrait de prendre un grand nombre de prises de vue, tout en rendant impossible la manipulation des films.
Walters accepta sans protester une expérience qui lui donna raison. Il réalisa de nouvelles photos d'ovnis avec ce fameux appareil inviolable. Dès lors, Maccabee et de nombreux observateurs estimèrent que ce test confirmait l'authenticité des photos précédentes et que, par conséquent, la véracité de ses dires tentative d'enlèvement incluse devenait difficile à remettre en cause. «Rien n'est moins sûr», continuèrent d'affirmer les sceptiques. Parmi ces derniers, Barbara Becker, une collaboratrice du MUFON déclara que «la manipulation photographique, pour l'heure mise hors de cause, n'était pas la seule méthode utilisable en matière de falsification». Elle reprit à son compte l'argumentation de Philip Klass, mais en abandonnant l'option du montage photo; selon elle,Walters photographiait des maquettes d'ovnis en décor naturel: il était dès lors en mesure de produire des clichés authentiques, mais le sujet demeurait un faux ! Barbara Becker menait un combat d'arrière-garde. En effet, six mois seulement s'étaient écoulés depuis le II novembre 1987 date des premiers clichés de Walters, et déjà les témoignages d'observations dépassaient la centaine. Et ce nombre ne fit que s'accroître par la suite. Walters lui-même accumulait les photos et multipliait les interventions publiques. Gulf Breeze semblait bien être le théâtre permanent de phénomènes ovni. Quelques journalistes goguenards suggérèrent que les habitants de Gulf Breeze s'étaient faits les complices d'un énorme canular initié par Ed Walters. Soucieux de la réputation de leur région, un groupe d'habitants de Gulf Breeze et de Pensacola, l'agglomération voisine, décidèrent de joindre leurs efforts pour faire toute la lumière sur cette affaire un peu trop bruyante
Mobilisation De jour comme de nuit, ces hommes et ces femmes se relayèrent pour surveiller le ciel. Après quelques semaines d'observations, l'initiative offrait un bilan positif. Les récits des observation se recoupaient: tous avaient aperçu dans le ciel des lumières brillantes, de couleur rouge ambree se déplaçant de façon erratique avantde s'evanouir dans l'azur. Certains des points changeant très vite de dimensions et se deplaçaient à des vitesses extraordinaires dans le ciel mais toujours dans le plus grand silence. Ce grpupe de Skywatchers (observateurs du ciel) comme ils s'étaient eux-mêmes baptisés associaient sans hésitation ces lumières à des ovnis, plusieurs d'entre eux affirmant avoir distingué avec nettete d'étranges objets volants.
Cette initiative locale spontanée ne desarme pas les sceptiques, qui firent insidieusement remarquer que trois bases aériennes entouraient Gulf Breeze et que chacune des bases générait un trafic intense. Les pilotes de l'US Air Force avaient-ils noté la présence d'ovnis durant leurs vols? Les spécialistes du MUFON leur posèrent la question : la réponse fût negativeMais cette réponse se doubla d'une autre ; au appareil militaire n'était «actif» aux heures ou les observations des Skywatchers avaient été faites. Match nul : l'Armée ne pouvait ni in confirmer aucune des deux thèses en presence Depuis lors, les sceptiques se contentent de rappeler que les objets bizarres observés dans le ciel de Gulf Breeze ne doivent pas nécessairement être pris pour des engins extraterrestres, et qu'il convient de réserver un jugement définitif dans l'attente de preuves scientifiques. Campant sur leurs positions, ils maintiennent que «ceWalters n'est qu'un imposteur assoiffé de publicité» Dix ans après le début de l'affaire Walters les positions sur les événements de Gulf Breeze et actuellement de nouveaux témoignagescontinuent d'être enregistrés- sont désormaill tranchées. Nombreux sont ceux qui persistent a scruter la voûte étoilée, persuadés que c'est la en Floride, que la preuve de l'existence d'inteligences extraterrestres sera faite. Cet espoir collectif s'exprime si fortement à Gulf Breeze qu'il déclenchera peut-être, effectivement, l'incroyable Voici quelques photos prisent à GULF BREEZE par des habitants ou des employés du MUFON
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